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Les actualités de
Monsieur Légionnaire

Le 25 décembre 1966. 

Noël 2022

            « Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec la nation française la honte d’un abandon ! Et pour ceux, qui, n’ayant pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre… »

(Déclaration du Général de Pouilly, lors du procès des généraux Challe et Zeller). 

            Depuis  quelques années, les laïcards forcenés - souvent « fils de la veuve » - s’en prennent à nos symboles religieux, font la guerre aux statues de Saints ou calvaires qui « offensent leurs yeux de laïcs » dans l’espace public et, dès qu’arrive Noël, partent à la chasse aux crèches de Noël.

            Notons au passage  que ce sont généralement les mêmes qui défendent le voile islamique -    hijab, tchador, burqa, etc…- toujours au nom de la laïcité. Ces gens-là n’ont qu’un but, faire oublier, voire définitivement tuer, la culture et les racines chrétiennes de la France. 

En fait, ce n’est pas nouveau : Le « Grand Orient de France » attaque le christianisme depuis la Révolution (et même bien avant !) mais il a trouvé ses « idiots utiles » avec la montée de l’Islam salafiste et son corollaire, l’islamo-gauchisme.

            Et bien, tant pis, dans mon article d’aujourd’hui, j’ai envie de célébrer la magie de Noël car le jour de la naissance du Christ doit rester une période de joie et de bonheur partagé. Pour faire plaisir à mes amis, paras, légionnaires ou civils, je leur parlerai du 25 décembre…1966. 

            Revenons, pour cela au 21 avril 1962, le putsch – hélas avorté – des généraux en Algérie. Ce coup d’état mal préparé n’aura duré que quelques jours. 

Ses conséquences seront tragiques, terribles, pour l’Armée française et la nation !    

Le lendemain du putsch, 220 officiers seront relevés de leur commandement, 114 seront traduits en justice et le pouvoir prononcera la dissolution de l’équivalent de cinq régiments :

Le 1er Régiment Etranger de Parachutistes ; les 14ème et 18ème Régiments de Chasseurs Parachutistes ; les Commandos de l’Air 10, 20, 30, 40 et le Groupement de Commandos Parachutistes. 

Le 2ème Régiment Etranger de Cavalerie sera réduit à deux escadrons qui seront rapidement fondus dans le 1er REC, le « Royal Etranger ».  

            Les 10ème et 25ème Divisions Parachutistes seront dissoutes. Leurs régiments, retirés d’Algérie et envoyés dans l’Est de la France, seront regroupés au sein de la 11ème Division Légère d’Intervention – le mot parachutiste étant escamoté ! – la tenue « léopard » leur sera interdite et les cadres se verront prier de remiser leur légendaire béret  rouge au profit du képi.

            De nombreux officiers, jugés « peu sûrs » par le pouvoir, sont encouragés à bénéficier de « mesures de dégagement »(1). Si l’on ajoute à ces départs ceux qui, écœurés, quitteront l’Armée sans qu’on les y pousse, c’est environ 1500 officiers qui redeviendront des civils, soit 4% des officiers d’active. La plupart d’entre eux provenant d’unités d’élites, parachutistes  ou Légion Etrangère.

Enfin, certains loyalistes, et non des moindres, choisiront la retraite plutôt que de servir une Armée trop malmenée par le pouvoir. Ce sera le cas du général de Pouilly, commandant du Corps d’Armée d’Oran et du général Gracieux, inspecteur des Troupes Aéroportées. 

Ce sera également le cas du général Olié, nommé chef d’état-major de la Défense Nationale en mars 1961. Après le putsch, il s’opposera à Debré, puis démissionnera de ses fonctions en juillet.

            Enfermés au Fort de Nogent, les lieutenants des deux REP réécriront à leur manière le succès d’Edith Piaf, « Je ne regrette rien », cette chanson qui me donne encore la chair-de-poule plus d’un demi-siècle après le putsch et que l’on chante encore, avec nos anciens, lors d’agapes bien arrosées. 

            Puis viendra le temps des jugements rendus par des juridictions d’exception.

Constitué deux jours à peine après l’échec du putsch, le Haut Tribunal Militaire était composé de huit juges. Son recrutement fut difficile car certains généraux carriéristes se défilèrent pour ne pas compromettre leur carrière ; d’autres, plus honnêtes, ne voulaient pas avoir à juger des camarades qui s’étaient montrés plus courageux et plus loyaux qu’eux. 

Dès le 3 mai, il était décidé de le renforcer par un second tribunal militaire ; un décret crée trois chambres constituant le « petit tribunal » qui siège à la 17ème Chambre Correctionnelle. 

            Le premier procès, celui des généraux Challe et Zeller, ouvre une longue série. 

                                                                                                                                                                              -2- 

            Le 30 mai – veille du verdict – le Garde des Sceaux Michelet écrit une longue lettre au procureur Besson dans laquelle il lui dit ce qu’attend l’État, à savoir, « les peines les plus sévères ». 

            Tout va basculer avec la défense du général Challe, le témoignage à décharge du général de Pouilly et le réquisitoire du procureur Besson, homme intègre, qui dira : « Après des semaines de réflexion et de drame de conscience, je ne me sens pas le droit de réclamer la peine de mort… » 

            Challe et Zeller ne seront condamnés qu’à quinze ans de réclusion criminelle (2).

            Le procès du commandant Hélie de Saint-Marc suit cinq jours après celui des généraux Challe et Zeller. Pour le pouvoir, avec le 1er REP qu’il commandait par intérim, Saint-Marc a été « l’épée » du putsch et à ce titre il doit être châtié « vite et fort ». 

De sa cellule, Saint-Marc écrit à ses parents qu’il préfère « être en prison que d’être parjure aux promesses de l’Armée comme à celles qu’il a faites lui-même ». 

Là encore, le pouvoir intervient auprès de l’avocat général Reliquet  pour qu’il demande une peine « lourde et exemplaire ». Comme Reliquet ne se laisse pas influencer, il recevra deux lettres comminatoires de son ministre de tutelle. Ceci restera dans l’histoire comme une belle illustration de la sacro-sainte indépendance de la justice sous la 5ème République ! 

Le défilé des témoins - à charge ou à décharge, de droite comme de gauche -  va dessiner Hélie Denoix de Saint-Marc tel qu’il est : un individu à part, par l’absolue pureté et l’idéalisme qui caractérisent son « être » et son « savoir-être ». Anciens résistants, anciens déportés, camarades de combat, colonels, généraux, journalistes, tous relèvent les mêmes traits, le même sens de l’honneur, la même pureté d’engagement, le même refus de toute concession. 

L’avocat général Reliquet reste fidèle à ses convictions : « Pour ce soldat dont le départ de l’Armée sera déjà une peine cruelle, je ne requiers qu’une détention de cinq à huit ans ». 

Le tribunal sera moins clément, lui infligeant une peine de dix ans de réclusion.

Ensuite, d’autres procès vont s’enchainer à un rythme effréné :  

Huit procès entre le 6 et le 25 juin, pour juger les généraux Bigot, Petit, Nicot, Gouraud, le commandant Robin, le colonel de La Chapelle, et les colonels Masselot et Lecomte. 

Quinze audiences entre le 3 et le 27 juillet pour juger trente-six officiers dont, dans l’ordre de leur passage, le commandant Cabiro, le général Mentré, le colonel Ceccaldi, les capitaines Borelli, Borel, Carrete, Catelotte, Coiquaud, Estoup et Yzquierdo, les lieutenants Durand-Ruel, Picot d’Assigny et Ruben de Servens, les capitaines Branca, Amet et Montagnon.

Quinze audiences en août pour juger vingt-quatre officiers dont le lieutenant de vaisseau Guillaume (le « Crabe-tambour »), le lieutenant-colonel Puga et le commandant Botella…

Onze audiences en septembre pour juger quinze autres officiers. 

S’y ajoute, à partir du 11 septembre, le procès dit « du complot de Paris » pour juger les militaires et civils accusés d’avoir préparé un coup de force qui devait, en métropole, assurer la continuité du putsch mené en Algérie. Sont impliqués le général Faure, le colonel Vaudrey, quatre commandants, un capitaine et quatorze civils. 

Le 20 avril 1962, le général Salan est arrêté. A la suite de son procès, du 13 au 23 mai, il est condamné à la détention criminelle à perpétuité. Furieux que la peine capitale ne soit pas prononcée contre Salan, le pouvoir supprime le Haut Tribunal Militaire pour le remplacer, le 1er juin, par la Cour Militaire de Justice qui n’aura qu’une existence éphémère puisque le 19 octobre, le Conseil d’État, par arrêté, jugera qu’elle porte atteinte aux principes du droit. Mais le pouvoir s’empressera de la recréer par un vote du Parlement en date du 15 janvier 1963 (3).

Arrêté le 25 mars 1962, condamné à mort le 13 avril, le général Edmond Jouhaud échappera de peu à l’exécution, sa peine étant commuée en détention criminelle à perpétuité le 28 novembre 1962, après près de sept mois dans une cellule de condamné à mort. Georges Pompidou – qu’il en soit remercié ! – menacera De Gaulle de sa démission jusqu’à l’obtention de sa grâce. Lors d’un méchoui  à Royan, dans les années 80, le général Edmond Jouhaud, pour rire, me fera « Pieds-noirs d’honneur » en raison de mes écrits en faveur de l’Algérie française. J’avais été présenté au général Jouhaud pas mon vieil ami Marcel Bouyer, ancien député de Charente-Maritime et co-fondateur du réseau « Résurrection Patrie » de l’OAS-Metro, engagement qu’il paiera par six années de prison(4).

                                                                                                                                                                -3-   

Déserteurs du 1er REP, le sergent Dovecar, deux autres Légionnaires dont Claude Tenne, et Claude Piegts, seront jugés du 28 mars au 1er avril 1962. Piegts et Dovecar seront fusillés dans la nuit du 6 au 7 juin 1962 en forêt de Marly. 

Le lieutenant Roger Degueldre, après le suicide du général de Larminat  qui refusait d’être « le Fouquier-Tinville de la 5ème République », et une parodie de procès, sera fusillé le 6 juillet 1962, le lendemain de l’indépendance de l’Algérie. J’ai raconté ses combats et son exécution  dans mon livre « Hommage à NOTRE Algérie française » (5).

Le dernier martyr de l’Algérie française sera le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat du Petit-Clamart, fusillé le 11 mars 1963, à l’âge de 35 ans…

Tous ces souvenirs tristes et tragiques nous éloignent de Noël ? Non pas tout à fait !

Le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc a été libéré le 25 décembre 1966, jour de Noël. En 1978, ce grand soldat était réhabilité dans ses droits civils et militaires. 

En 1979, il était fait Commandeur de la Légion d'honneur, le 23 juin, par le président Giscard d'Estaing. En septembre 1982, il se voyait restituer toutes ses décorations, par la volonté de François Mitterrand. En 2002, il était fait Grand Officier de la Légion d'honneur, le 28 novembre, par Jacques Chirac. Et le 25 novembre 2011, à 89 ans, il était fait Grand-Croix de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy qui dira à cette occasion : « L’étoile qui vous a guidé dans toute votre vie restera celle de l’honneur puisque vous lui avez tout sacrifié, votre carrière, votre famille, votre renommée, votre avenir et vos lendemains !  Et aujourd’hui, cet honneur vous est officiellement reconnu ».

De 1988 à 2010, Hélie de Saint-Marc a écrit plusieurs livres dont « Les Champs de braise », « Les Sentinelles du soir » et « L’Aventure et l’Espérance »(6) qui sont remarquables.

Le commandant de Saint-Marc meurt le 26 août 2013. Ses obsèques sont célébrées, le 30 août, par Monseigneur Barbarin, cardinal-archevêque de Lyon, en la primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maire de Lyon, Gérard Collomb, du général d'Armée Bertrand Ract-Madoux, chef d'état-major de l'Armée de terre, représentant le ministre de la Défense, du préfet du Rhône, Jean-François Carenco, de l'ancien ministre et maire de Lyon, Michel Noir, et de l'ancien ministre de la Défense, Charles Millon. Les honneurs militaires, durant lesquels le général Bruno Dary prononce son éloge funèbre, lui sont rendus sur la place Saint-Jean. 

Il est inhumé au cimetière de la Garde-Adhémar dans la Drôme où il possédait une maison. 

Une avenue Hélie Denoix de Saint Marc a été inaugurée, à Orange, le 6 décembre 2013.

Depuis le 15 mars 2015, une rue porte son nom à Béziers ; une autre rue porte son nom à Bollène depuis 2019 (où elle remplace la rue du 19 mars 1962).

La République, à travers quatre présidents, a rendu hommage à un grand soldat injustement traité par les traitres et les parjures qui ont bradé l’Algérie française. 

Mon hommage d’aujourd’hui est bien modeste mais je sais qu’il sera compris par ceux - encore nombreux - pour lesquels Hélie de Saint-Marc reste un modèle.  

Mes respects Mon Commandant ! 

                                                                                                                            Eric de Verdelhan.  

1)- Feu mon père, officier parachutiste, était parmi ceux-là. Hospitalisé au Val-de-Grâce au moment du putsch, il aura évité le pire.

2)- Sur les conseils de leurs avocats, ils n’évoquent pas l’affaire Si Salah devant le Haut Tribunal, car cette affaire honteuse, méconnue du grand public, aurait fortement embarrassé De Gaulle. 

3)- Précisons que ces juridictions d’exception étaient parfaitement illégales puisqu’elles interdisaient toute possibilité d’appel.

4)- Ce réseau ne s’attaquait pourtant qu’à des bâtiments publics et n’a fait aucune victime. 

5)- « Hommage à NOTRE Algérie française » ; publié aux éditions Dualpha.  

6)- « Les Champs de braises. Mémoires » (avec Laurent Beccaria) ; Perrin ; 1995. « Les Sentinelles du soir » ; Les Arènes ; 1999. « L’Aventure et l’Espérance » ; Les Arènes ; 2010.

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