« KÉPI BLANC » : HISTOIRE D’UN PASTIS AYANT RÉUSSI LES TESTS D’INCORPORATION !
La Légion étrangère lancera demain une boisson anisée toute nouvelle, dignement baptisée « Képi Blanc ». Elle est le fruit d’une heureuse collaboration avec la maison aubagnaise Ferroni. L’événement se déroulera à Puyloubier mercredi 25 juin au soir.
Un Pastis très symbolique
Symbolique à plus d’un titre dans la mesure où la boisson prend une belle couleur blanche avec l’ajout d’eau, mais surtout parce qu’en langue provençale le mot « pastis » signifie « mélange ». Pour un corps d’armée qui incorpore plus de 150 nationalités différentes et sait les rassembler en une Force unie telle un seul homme, le « mélange » est particulièrement réussi. Baptiser « Képi Blanc » un Pastis est donc tout un symbole.
À côté de la grandiose « Poussière », le « Képi Blanc » aura t-il bientôt sa tradition ? Et pourquoi pas, comme la Madelon, sa chanson ? (Quand Madelon vient nous servir à boire … )
Cette création m’a conduit à me souvenir de la boisson traditionnelle du légionnaire romain de l’Antiquité.
Le romain, amateur de vin
Les romains, dans leur ensemble, appréciaient le divin breuvage de Bacchus. Mais ils ne le consommaient jamais pur. Ils le coupaient toujours d’eau. Boire du vin pur était le caractère du barbare, insulte s’il en était pour cet être civilisé.
Le vin était présent aux trois repas de la journée :
- - Au Jentaculum, le repas du matin,
- - Au déjeuner, le Prandium,
- - Le soir à la Cena.
Mais toujours mouillé d’eau. Pas question aussi de s’enivrer, signe également de barbarie.
Mais notre légionnaire romain ?
Une Posca … bien fraîche !
Fraîche, peut-être, mais particulière. La « Posca » était le nom de la boisson du légionnaire : un vin aigre, plein d’amertume. Un mélange de vin et d’eau. Certains historiens, comme André Tchernia, l’assimilent même à un vrai vinaigre ! De toutes façons, une piquette, du moins un vin tout à fait ordinaire. À l’opposé, par exemple du fameux Mulsum aromatisé avec du miel et qui était servi à la table des officiers et aux carrés de l’État major des Légions de Gaule à Lyon. De cette présence du commandement des armées romaines à Lyon date l’origine de la haute gastronomie lyonnaise.
Le prix de la Posca ne dépassait pas un As, la solde journalière du légionnaire avoisinant les 10 As. Le goût si amer de la Posca n’était pas volontaire. Les romains, gourmands de vin, ne savaient pas maitriser la fermentation. Le vin se conservait donc mal. Raison pour laquelle l’habitude était de le parfumer avec des plantes, des aromates, du miel …Et pour un vin très ordinaire comme la Posca, de l’allonger d’eau.
Le légionnaire portait une fiole contenant sa boisson. Elle était accrochée à la Furca, une sorte de fourche en bois portée sur l’épaule droite et recevant ses affaires personnelles : manteau, gamelle … Son vin devenant dans sa fiole de plus en plus aigri au fil des marches exténuantes en plein soleil, il en atténuait l’amertume en y mêlant des herbes, en particulier, de la coriandre. Souvenons-nous de ce passage de l’Évangile de Saint Jean (19, 28) où le légionnaire présente au Christ en Croix une éponge humide d’eau et de vinaigre : c’est sa propre boisson traditionnelle qu’il offre !
Légionnaires du temps de l’empereur Trajan (équipement) traversant le Rhône. Au bout de la Furca, on aperçoit les fioles de Posca de couleur orangée.
Déjà, comme dans le Pastis avec anis étoilé, anis vert, extrait de bois de réglisse, plantes aromatiques, des végétaux entraient donc dans la boisson.
Dans « Képi Blanc », ces aromates sont l’estragon du Mexique et des plantes du Cambodge. Tout un symbole encore. Rappelons-nous le Chant du Défilé du 3ème REI : Au long des routes d’Indochine …
Vif succès à « Képi Blanc »
Souhaitons un vif succès à « Képi Blanc », à consommer avec modération, en sachant aussi que :
« Pour faire un vrai légionnaire
Il ne suffit pas de boire un bon coup ».
Et, une dernière question :
À quand le Boudin noir flambé au Képi Blanc ?
- Vues: 334