À Tanerii, Dorian, Quentin

Rédigé par Constantin LIANOS le . Publié dans In memoriam.

À Tanerii, Dorian, Quentin et tous ceux qui les ont précédés

« Poiete ihora te Atua i te taata Ia au i tona iho hohoa »

 20201228 RIP

-Biographie du Brigadier-chef Taneril Mauri

-Biographie du 1ere classe Dorian Issakhanian

-Biographie du 1ere classe Quentin Pauchet

« Dieu créa l’homme à son image. Il le créa à l’image de Dieu ». Ainsi la Bible, dans la Genèse, décrit-elle la création de l’homme. À l’image de Dieu. Toi, Tanerii Mauri, fils de Polynésie, né à Tahiti il n’y a pas trente ans, tu viens de donner ta vie pour la France. 18000 kilomètres pour que ton sang imprègne la terre d’Afrique et, sur cette terre d’Afrique, imprime l’honneur de la France. Par ces mots ci-dessus, dans ta langue maternelle, si chantante, que la France à son tour chante le don de toi. Tu avais choisi de servir cette France, sous les armes, par les armes. Frère polynésien, tu es retourné au fenua d’Atua, au pays de Dieu. Oui, Dieu a créé l’homme à son image et l’image que tu nous donnes, Tanerii, est digne de l’image de Dieu. Un Don. 

Avec les deux Chasseurs, Dorian et Quentin, vous êtes tous trois une Trinité de sacrifice. Unis sous les armes et unis dans la mort et la même Grandeur, celle de servir au péril de votre vie. De Périgueux, de Doullens, de Tahiti, la vie vous avait réunis. Périgueux en Périgord. Combien de français peuvent-ils sur une carte situer Périgueux ? Doullens dans la Somme. Combien de français peuvent-ils sur une carte situer Doullens ? Tahiti, oui. Pour les vahinés et une lotion de douche, peut-être. 

Trois villes de notre Histoire, trois villes où sont nés trois jeunes hommes qui sont morts pour nous. Allons-nous confiner leur mémoire ? Ils ajoutent leurs noms à tant d’autres noms déjà. Nous sommes-nous simplement posé la question de savoir ce que ressentent tous ces hommes, ces hommes et ces femmes qui sont nos soldats, nos marins, nos aviateurs, nos gendarmes, nos légionnaires, nos policiers, nos corps de pompiers, et j’ajoute nos instituteurs, nos enseignants, nos professeurs, recevant un ordre, celui de partir en mission, d’être en mission. Par pour eux. Ils n’ont rien à y gagner. Ils partent ou ils sont parce qu’ils exécutent un ordre, un devoir. Ils servent.

Point.

Jusque s’il le faut : au point final.

L’Armée a souvent été qualifiée de «Grande Muette». Muette, oui, elle l’est. Elle l’est parce que ses hommes meurent sans parler, sans crier, sans se plaindre, comme le Loup de Vigny. L’Armée exécute ce qui lui est commandé. N’est-elle pas aussi exécutée ?

Puissions-nous, demain soir, dans chaque foyer de France, avoir une pensée, courte mais vibrante, fidèle, pour tous nos jeunes soldats, marins, aviateurs, légionnaires, gendarmes, policiers, pompiers, tous ceux qui veillent, surveillent, patrouillent, bondissent au premier appel dans un véhicule blindé, un avion, un hélicoptère, un bâtiment de surface, un sous-marin, une voiture de police ou de gendarmerie …

Sous le gui du Jour de l’An, il y a du sang. Du sang offert pour que notre gui soit toujours vert. Le gui ici, c’est notre Liberté.

Marseille, le 30 décembre 2020

Jean-Noël Beverini, membre de la commission culture de l'ANACLE

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Nota :
Chères et chers amis,
Sans autres commentaires.
Pour info: Quand j’ai quitté mon affectation en Polynésie, sur l’atoll de Mururoa, l’aumônier des Sites d’expérimentation du Pacifique, nous étions proches, m’a offert une Bible en Polynésien. Ce sont des gestes que l’on n’oublie pas. Je veux citer son nom: Père Fidèle Évrard. Cette Bible, ce soir, je l’ai ouverte. Elle est devant moi. « Te BIBILIA MO'A te faufaa Tahito ». J’en ai retiré les premières lignes en l’honneur de nos jeunes militaires. Le brigadier-chef est polynésien et encadrait ses deux camarades.