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Récit du pèlerinage de l'AACLE en Terre-Sainte 2018

Pèlerinage de l'AACLE  en Terre Sainte

Récit de voyage du 9 au 17 Avril 2018  

Préparation et lancement du pélerinage en Salle Jean EUDES (Sacré-Cœur Marseille)

« Un pèlerinage en Terre Sainte est un temps fort de rencontres diverses. Celle d’une terre en attente de paix ; celle de ceux qui l’habitent ; et celle aussi de personnes avec lesquelles nous sommes pèlerins, ensemble jour après jour, de la Galilée à Jérusalem, nous découvrirons des paysages et des lieux marqués par l’histoire du peuple de Dieu et la vie du Christ. Nous prendrons le temps d’ouvrir la Bible, de prier et de célébrer, mais aussi d’aller à la rencontre des chrétiens et des églises locales. »

Lundi 9 avril :   MARIGNANE – TEL AVIV - ARAD

Tôt aux aurores, des hommes et des femmes venant de Marseille, de Paris, de la Cadière d’Azur, de Plan de Cuques, mais aussi du Sénégal (!) se dirigent vers l’aéroport de Marignane, affrontant sous une pluie fine les premiers embouteillages. A 7h dans le hall de départ, le groupe de pèlerins de l’AACLE se forme, fait connaissance, et le lieutenant-colonel Constantin Lianos, directeur du pèlerinage compte ses ouailles. Nous sommes bien les 31 attendus : le compte est bon et nous reviendrons à 31 !! c’est juré !...

Le vol El Al affiche 1/2 h de retard, mais les procédures de sécurité spécifiques à cette compagnie ne nous laissent guère le temps de flâner à l’aéroport. Avec une petite frayeur pour Christine qui ne retrouve plus son passeport au moment d’embarquer …son mari s’apprête alors à partir seul en célibataire ! ...mais premier miracle du pèlerinage, le précieux sésame est retrouvé : ouf !!! Décollage du Boeing 737 à 10h30 sous un temps maussade. C’est parti pour 4h de vol avec 1h de décalage horaire à l’arrivée en Israël. Atterrissage impeccable et sous le soleil à 15h30 sur la piste de l’aéroport Ben Gourion à Tel-Aviv. 

Une gigantesque file d’attente au guichet de la police aux frontières, esquivée grâce à l’anticipation de Constantin et du réceptionniste local de Routes Bibliques... Le groupe est extirpé vers un contrôle annexe discret nous évitant 2h d’attente sous la chaleur de l’aérogare. Dirigés vers le car de 55 places qui nous est réservé, nous faisons connaissance avec celle qui sera notre éminente guide tout au long du séjour, Sylvia, juive habitant Jérusalem et de notre chauffeur, arabe et chrétien…

C’est parti pour le désert du Néguev et notre première ville étape ARAD située à 140 km au sud de Tel Aviv et à 600 m d’altitude. Installation rapide dans notre hôtel (rustique !) pour une seule nuit puis regroupement dans le salon pour une présentation individuelle avant de suivre la première messe, concélébrée par nos guides spirituels du pèlerinage, Monseigneur Ellul et le Père Sébastien. Un dîner buffet nous fait découvrir quelques spécialités culinaires locales, avant de regagner nos chambres pour une nuit de repos bien méritée après cette journée de transports multiples. 

Certains auront eu surement le désir et la force de se plonger dans la lecture d’un passage de la Bible avant de sombrer dans le sommeil…

Mardi 10 avril :  MASSADA – KAHLIA BEACH – QUMRAN – JOURDAIN – NAZARETH

Dès 7h, embarquement dans le car et destination la cité fortifiée en ruines de MASSADA, dominant à 1000 m au-dessus de la Mer Morte... Le conducteur après un long parcours sinueux dans le désert du Néguev, nous dépose au pied de la fameuse « Rampe des Romains ».

Nous sommes prévenus : chapeau et chaussures de marche pour grimper la rampe sur 300 m de dénivelé et ainsi atteindre le sommet de la forteresse. 

Cette rampe construite par les romains en l’an 70 pendant le siège de Massada qui dura un an, a permis aux 10 000 romains de vaincre les 1 000 hébreux zélotes résistant du haut de cette forteresse. Mais ces derniers, pour ne pas être vaincus et prisonniers des Romains, se sont donnés la mort collectivement juste avant l’assaut final.

En à peine une heure, le sommet est atteint, non sans que les premiers gestes de solidarité ne se manifestent au sein du groupe, pour aider les plus en difficulté…Un grand merci au passage à notre médecin général à la tâche dès la première journée et qui n’aura de cesse de veiller discrètement tout au long de notre pèlerinage aux petits bobos ou légères défaillances de notre groupe hétéroclite en âge et aptitude physique.

L’émerveillement sur le site, devant son étendue perchée et ses vestiges de l’ancienne citée bâtie par le roi Hérode qui nous interpellent…notamment ceux des bains et de la chapelle byzantine. 

Ce lieu reste encore aujourd’hui, pour les israéliens, le symbole de la résistance juive face à l’agresseur, et tout israélien doit un jour s’y rendre., Ce que nous confirme d’ailleurs Constantin qui y venait dans le passé avec ses scouts, lors de cérémonies militaires qui ne se font plus de nos jours. Durant toute cette matinée, Sylvia nous passionne par ses récits de l’histoire de son pays et à partir de cet instant là nous sommes persuadés que notre pèlerinage sera une réussite avec une telle accompagnatrice.

La descente de la forteresse se fera par l’Est, avec les moyens modernes de notre siècle : un téléphérique ! Quelques minutes suffisent pour nous retrouver à – 400 m du niveau des océans, au sud de la mer Morte. Nous savourons ce moment unique d’être au plus bas niveau de la planète, avec d’un côté Israël à l’ouest et la Jordanie à l’est.

Après les efforts du matin, nous faisons route sur KAHLIA BEACH, hélas sous la pluie, pour y déjeuner. Les plus courageux se changent pour enfiler un maillot, traverser la « plage » boueuse et entrer dans les eaux hyper salées de la Mer Morte (salinité 8 fois supérieure à notre Méditerranée), avec cette douce sensation de se baigner dans de l’huile tiède. Impossible de couler, à tel point que Constantin et son vice-président de l’AACLE, Roland, coiffés de leur béret vert de la Légion, en profitent, allongés sur le dos, pour lire le dernier Képi Blanc. La sortie des baigneurs sera périlleuse pour l’équilibre sur cette plage de boue, pourtant très curative pour les rhumatismes (mais aucun ne s’est enduit de cette boue pour le vérifier…).

Mais un désastre écologique serait attendu : Sylvia nous explique que la Mer Morte a perdu 30% de sa superficie en 30 ans et qu’elle pourrait disparaître en 2050, avec de terribles conséquences économiques…En nous rassurant qu’une solution avait été trouvée avec la construction d’un « canal de la paix » long de 180 km, rejoignant la Mer Rouge. Les travaux devraient débuter justement cette année : à suivre donc !

Après un déjeuner « sport » sur plateau, le car nous fait longer la mer Morte pour s’arrêter plus au nord et visiter le Centre Culturel des Esséniens de QUMRAN situé à proximité duquel furent retrouvés les célèbres manuscrits de la Mer Morte. Des moines juifs plus d’un siècle av JC, habitaient alors les multiples grottes des falaises en face. En 1947, grâce à la découverte fortuite par un bédouin d’une jarre remplie de manuscrits, plus de 900 parchemins d’époque furent retrouvés dans ces grottes, extraordinairement bien conservés après 21 siècles (!!!) ; 200 d’entre eux représentent les textes de l’Ancien Testament, qui seront publiés et révélés au public seulement en 2001…

Notre chauffeur nous conduit alors plus au nord, sur la berge ouest du Jourdain, au lieu précis où Jésus fut baptisé par Jean-Baptiste, à QASR EL-YAHUD très exactement. Ce lieu est accessible depuis peu aux pèlerins car auparavant il était sous contrôle militaire israélien et de l’autre côté c’est la Jordanie…En approchant, on voit encore de part et d’autre de la piste des postes avancés de Tsahal derrière des barbelés ; A notre grand étonnement nous découvrons que ce que nous croyions être un large fleuve, n’est qu’un mince cours d’eau boueuse, de quelques mètres de large, flanqué de hauts roseaux. Alors que sur la rive jordanienne, on devine une sentinelle militaire sans autre présence humaine, notre berge est assaillie par un groupe exultant de pèlerins indonésiens, qui se prêtent au rituel de l’immersion dans l’allégresse. 

Sur ce premier Lieu Saint de notre pèlerinage, Mgr Ellul nous fera lecture des saintes Ecritures, que nous écouterons avec recueillement, non sans émotion de se trouver à l’endroit même du baptême du Christ. « Great !!!! »

Nous poursuivons notre route vers NAZARETH, notre seconde ville-étape. Avec les explications successives de Constantin et de Sylvia, nous comprenons mieux de visu les réalités du XXIème siècle et surtout l’imbroglio du découpage des Territoires Palestiniens situés en terre israélienne…Et comme pour l’illustrer, nous voici contrôlés sur un check-point de l’armée israélienne au moment de quitter la Cisjordanie. Une patrouille mixte de la police lourdement armée entre dans le bus et nous scrute du regard à leur passage…RAS. Nous restons au complet pour la suite du voyage !!

Pris dans les embouteillages interminables de l’entrée de Nazareth, nous apercevons sur notre droite le Mont Thabor, colline arrondie de 600m d’altitude, Lieu Saint de la Transfiguration de Jésus qui apparut à ses apôtres, entouré de Moïse et du prophète Elie. Nous séjournerons pour deux nuits dans un hôtel confortable, avec une salle de restauration privative, propice à des échanges conviviaux.

Comme ce sera le cas quotidiennement, nous participons tous à l’office du jour, concélébré par nos guides spirituels. Ce soir-là, il nous suffit de traverser la rue depuis notre hôtel et de pénétrer dans la chapelle Charles de Foucauld. Ce petit édifice nous rappelle que ce Saint-Cyrien, officier dans l’armée française au XIXème siècle, puis explorateur et géographe a retrouvé soudainement la Foi chrétienne. Devenu religieux chez les moines trappistes, mais mû par un idéal de de pauvreté, d’abnégation et de pénitence, il devient ermite et vécut ici même 3 années durant, se logeant dans une simple cabane de planches. Il a la quarantaine et consacre ses journées à prier, lire, écrire et effectuer de menus travaux domestiques, Devenu prêtre en 1901, il rejoint le Sahara occidental et sera assassiné 15 jours plus tard à la porte de son ermitage. Charles de Foucauld sera béatifié en 2005.

Cette chapelle par son épurement nous interpelle, alors que le lendemain nous serons amenés à découvrir cette ville où Jésus a vécu 30 ans dans l’ombre, avant de se révéler être le Messie.

Mercredi 11 avril : NAZARETH 

Le temps de prendre un bon petit déjeuner où nous continuons à partager nos premières impressions, mais déjà dans l’impatience de visiter les hauts lieux saints, là où Jésus et sa famille vécurent. Nous voici donc ad pedibus sur l’avenue Paul VI, où la circulation est déjà bien encombrée de bon matin et où nous croisons une population vaquant aux premières activités de la journée, majoritairement arabe comme nous le constatons et comme c’est le cas général pour cette ville avec 35% d’arabes chrétiens. 

Après une petite demi-heure, nous débouchons sur le parvis de l’église orthodoxe de St Gabriel, pour ensuite s’engouffrer un par un dans un petit tunnel vouté descendant jusqu’à la fontaine de la Vierge, là où l’ange Gabriel apparut pour la première fois à Marie. Certains en profitent pour remplir une petite fiole de cette eau sacrée et la rapporter précieusement.

Un rapide coup d’œil à l’intérieur de l’église grecque orthodoxe en admirant les très belles icones incluses dans leur iconostase de bois ciselé, avant de déambuler au travers du souk arabe attenant pour entrer dans la synagogue de Nazareth, là où Jésus allait : une simple pièce très sobre voutée et aux pierres apparentes, transformée depuis en église sans aucun décor et avec une nef unique. Retour par le souk avant de rejoindre la célèbre basilique de l’Annonciation. Mais avant de visiter ce Lieu Saint, nous gagnons pour 11h une petite chapelle sur le flanc de l’édifice pour notre messe journalière. 

La Basilique de l’Annonciation, édifiée en 1960 à l’emplacement où l’ange Gabriel apparut à la Vierge Marie, est la plus grande du Moyen Orient. Son originalité est dans sa conception sur deux niveaux avec un grand oculus central s’ouvrant sur la Grotte en contrebas. Intense moment de recueillement et d’émerveillement, en défilant un par un au pied de ce Lieu Saint, puis en assistant depuis l’oculus à une célébration rituelle chantée par les Franciscains, gardiens religieux de cette basilique.

Agapes déjeunatoires dans un restaurant à proximité, avant de se diriger non loin, à une centaine de mètres, sur un autre lieu saint, niché derrière de hauts murs et gardé par les Sœurs de Nazareth. Elles nous font visiter des fouilles où a été trouvé le Tombeau du Juste, c’est-à-dire de Joseph le père adoptif de Jésus. En immersion dans les vestiges sur 3 sous-sols successifs, nous méditons sur 2000 ans de notre histoire religieuse, écoutant avec intérêt la religieuse nous décrire les découvertes des archéologues. Revenus à l’air libre dans la cour du couvent et sous les yeux de la sainte Famille en statue centrale, Sylvia profite du calme de l’endroit pour nous expliquer, carte d’Israël déployée sur la table, l’histoire récente sur les 70 ans de la création de son pays et répondant avec tact et gentillesse à toutes nos questions… Passionnant comme tout ce qu’elle nous a révélé et appris tout au long de ce pèlerinage ! Constantin nous laisse en cette fin d’après-midi, quartier libre dans Nazareth jusqu’au dîner à notre hôtel. Certains regagnent leur chambre pour un peu de repos, tandis que d’autres en profitent pour faire quelques emplètes dans le souk. Un trinôme osera même affronter la chaleur et s’échapper en gravissant les ruelles étroites les menant en haut de la colline où une église (fermée) domine les sanctuaires de la ville.

Jeudi 12 avril :  LAC TIBERIADE – CAPHARNAÜM – EIN GUEDI - TAYBEH

Cette journée fut entièrement consacrée à visiter les sites évangéliques du pourtour du Lac de Tibériade, ou plutôt de la Mer de Galilée. Tôt le matin pour ne pas être confrontés à l’affluence des pèlerins de tous pays, nous embarquons dans notre car pour nous rendre au Mont des Béatitudes, dominant certes le lac de 200 m, mais aussi situé à 25 m sous le niveau de la mer, l’un des plus bas sommets immergés du monde ! Le brouillard ambiant ne nous permettra pas malheureusement de contempler le beau panorama du lac de Tibériade…Nous pouvons cependant admirer la magnifique végétation verdoyante et fleurie de ce site très apaisant. Nous prenons le temps de visiter l’église des Béatitudes, construite par l’Italie en 1938 et où le Pape Jean-Paul II célèbrera une messe en 2000. La nôtre le sera un peu plus bas à TABGHA, au bord du Lac, sur les lieux où Jésus multiplia les pains et les poissons, à proximité de la Chapelle Saint Pierre là où Jésus ressuscité partagea le repas avec ses apôtres et où il désigna Simon-Pierre pour diriger son Eglise.

Puis ad pedibus nous gagnons l’église de la Multiplication des Pains. Là encore une très belle végétation luxuriante entoure l’édifice construit par les bénédictins allemands dans les années 1980. Sous l’autel se trouve la pierre vénérée où Jésus aurait déposé les pains, ceinte au sol de mosaïques datant du IVème siècle ; la plus célèbre étant celle représentant 4 pains et 2 poissons. Le cloître du couvent attenant, abrite des bacs de poissons vivants s’agitant dans l’eau à notre passage…

Le car nous emmène à quelques km, toujours au bord de la mer de Galilée, à CAPHARNAUM, « la ville de Jésus » comme l’annonce le panneau à l’entrée du site. Depuis qu’il avait été chassé de Nazareth, il habitait chez Pierre et il enseignait à la Synagogue. Cet endroit constituait en quelque sorte son camp de base, lorsqu’il rayonnait alentours pour prêcher.

A l’ombre appréciée d’arbres majestueux, nous écoutons avec attention les explications de Sylvia préalables à la visite des vestiges de Capharnaüm. Deux sites mythiques retiendront notre attention :

-  La Synagogue du IVème siècle avec son long pan de mur en pierre calcaire et ses chapiteaux corinthiens finement ciselés

-  L’emplacement de la maison de l’apôtre Pierre, protégé en surface par des plaques de verre transparent. Avec l’immense déception de voir édifiée au-dessus une horrible église reposant sur des piliers en béton, faisant songer à une soucoupe volante bétonnée, plutôt qu’à un édifice religieux…

En quittant ces lieux, Sylvia attire notre attention sur des chapiteaux d’époque magnifiquement ciselés et dont l’un représente le chandelier juif à 7 branches, appelé La Menorah.

Après être remontés dans notre car, nous faisons route vers l’Est du Lac en le contournant par le Nord, pour pénétrer dans l’ancien kibboutz de EIN GUEDI, aujourd’hui lieu de villégiature et de détente. Situé au pied du plateau du Golan, on y trouve des restaurants, des hébergements et une base de loisirs nautiques. Justement, notre repas du midi est prévu à cet endroit très touristique. Nous voici placés comme à la cantine, sur de longues tables pour y déguster le plat unique local ; un poisson grillé, entaillé, et dénommé il va de soi « Saint Pierre » …mais bien différent du nôtre pêché en eau de mer et non en eau douce comme l’est la Mer de Galilée.

Après ce frugal repas, chargé de symbolique, direction l’embarcadère où nous attend un bateau, non pas de croisière, mais de petite taille et rustique, capable d’accueillir notre seul groupe en se serrant sur des bancs en bois. Cap sur le kibboutz de GINOSAR, une dizaine de km à l’ouest. Constantin en bon capitaine du navire, fait lever les couleurs françaises sur le mât à côté du drapeau israélien, suivi d’une Marseillaise, rappelant que nous étions bien de l’Amicale des Anciens de la Légion Etrangère ! ...Puis au beau milieu du Lac, arrêt des moteurs et lecture de textes évangéliques par Mgr Ellul, malheureusement peu ou pas entendus en raison d’une panne de sono. Le silence qui s’ensuit est propice pour une méditation ou une prière personnelle…mais un bruit assourdissant nous fait revenir à la réalité de ce pays : le survol d’un avion de chasse de l’armée israélienne. Nous ne savons rien à cet instant mais nous sommes à 48h d’une frappe aérienne alliée sur la Syrie, dont celle d’avions français…Depuis notre bateau, nous portons notre regard vers l’Est où l’on aperçoit cet immense plateau du Golan sous administration militaire israélienne et la frontière avec la Syrie n’est qu’à une trentaine de km de notre position, à la même distance de la frontière libanaise au nord ! 

Nous débarquons ravis de cette mini croisière sur ce Lac de Tibériade à GINOVAR et réembarquons dans notre car pour un long trajet qui va nous mener de la Galilée en Samarie sur les hauteurs, très précisément à TAYBEH où l’on nous attend pour dîner et passer la nuit. Ce village perché situé en Judée se trouve à une trentaine de km au nord de Jérusalem et compte 1400 hab. Sa particularité qui nous intéresse au plus haut point, est d’être le seul village entièrement chrétien de Terre Sainte et de surcroît implanté en Cisjordanie.

Ses trois communautés chrétiennes : latine, grecque melchite et grecque orthodoxe, ont réussi l’exploit de s’entendre pour fêter Noël ensemble au calendrier grégorien et Pâques au calendrier julien.

La paroisse latine qui va nous accueillir est sous administration de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem. Notre car nous débarque avec nos valises et non sans difficultés de stationnement (bravo au chauffeur !) à proximité du Centre d’accueil Charles de Foucauld tenu par les Sœurs de la Sainte Croix de Jérusalem. En franchissant le portail, nous tombons sur une sortie de messe et faisons connaissance avec le Père Abu Khalil Johny, curé palestinien de la paroisse latine de Naplouse, en charge de la communauté chrétienne en territoire palestinien. Nous le retrouverons avec intérêt pour le dîner, mais l’heure est à la visite guidée par une sœur de la fameuse « Maison des Paraboles », une habitation traditionnelle palestinienne vieille de 3000 ans, située à l’intérieur du couvent latin et conforme à la description rapportée dans l’Evangile de St Luc. Le temps de faire quelques emplettes souvenirs auprès du comptoir tenu par des bénévoles venus de Lyon pour aider la communauté durant  2 mois, et nous voici attablés dans la salle commune pour un repas partagé avec le Père Johny qui animera ce dîner de sa voix puissante, plaidant avec force et persuasion pour apporter aide et soutien aux chrétiens d’Orient, sous peine de voir disparaître les lieux saints…Une aide spontanée et symbolique se concrétise alors avec l’achat par les pèlerins de l’huile d’olive produite localement par la communauté et …conditionnée pour le voyage ! De nombreux liens internet peuvent être consultés sur cet emblématique curé palestinien.

Pour cette nuit-là, le groupe est exceptionnellement scindé en deux, avec une dizaine d’entre nous « projetés » sur un piton éloigné de quelques kilomètres, et dans un hébergement annexe du Centre de Foucauld, avec en final une petite centaine de mètres sur un sentier pentu perdu dans la nature qu’il a fallu emprunter nuitamment…à la lumière lunaire. Et là nous avons compris pourquoi Constantin avait insisté pour ne se munir que de valises à roulettes…Merci encore à notre directeur de pèlerinage qui a tout prévu… ! L’entraide a une nouvelle fois bien fonctionné pour aider notre couple de doyens. L’autre épreuve pour ce mini groupe fut de subir une nuit quasiment blanche en raison d’un froid intense à cette altitude et de l’absence totale de chauffage dans la bâtisse….

Vendredi 13 avril : BETHLEEM – BEIT SAHOUR - JERUSALEM

Très tôt le matin (c’est devenu une habitude), après la réunion complète de notre groupe et un copieux petit déjeuner préparé par les sœurs et les bénévoles en renfort, nous partons pour BETHLEEM. Le trajet n’est pas bien long, mais nous sommes vite interpellés par la vue en maints endroits d’un haut et long mur de béton, surmonté de miradors espacés, semblant partager de loin cette ville. Bethléem, la ville de naissance de Jésus, à quelques encablures de Jérusalem, est bien en territoire palestinien ! Ce mur nous en rappelle d’autres dans le monde et nous sensibilise sur les enjeux politico-religieux inhérents à Israël, expliqués par Sylvia au micro dans notre car… Constantin a choisi de nous arrêter dans une coopérative chrétienne de Bethléem pour effectuer nos achats groupés d’objets religieux, tous fabriqués par les chrétiens de Palestine. Et les pèlerins de faire chauffer la carte bancaire en euros ou mieux en dollars…

Puis nous arrivons au pied de la basilique byzantine du IVème siècle construite au dessus de la grotte de la Nativité. Moment très attendu mais nous ne savons pas encore que le parcours sera long pour parvenir à se recueillir (un trop court instant…) dans ce haut Lieu Saint.

Après quelques explications historiques, Sylvia nous fait entrer dans la Basilique par l’arche d’entrée (une étroite et petite ouverture…), haute de …1m20 et qui est pourtant l’entrée principale. Il nous faut donc nous courber, comme un geste d’humilité en quelque sorte, pour pénétrer un à un dans l’édifice. Nous débouchons alors sur la nef centrale traversée par quatre rangées de colonnes, et admirons le plafond en cèdre ainsi que les mosaïques d’origine découvertes en 1934, sous le dallage actuel.

De nombreux travaux en cours nous empêchent de voir l’ensemble des mosaïques murales. Par la Nef nous quittons momentanément la basilique, découvrons au passage l’église Ste Catherine et nous dirigeons vers le cloître du couvent des Franciscains où est érigée au centre la statue de St Jérôme. Par un dédale d’escaliers nous descendons dans les grottes souterraines du lieu de la Nativité pour assister dans l’une d’elle, à notre messe du jour. En remontant, le couple Lianos n’omet pas de se faire photographier devant le narthex de Ste Hélène, avec une pensée pour leur fille Helena, et un autre couple fera de même pour leur petite fille, Elena…

Nous rejoignons la Basilique où une longue file d’attente s’est formée pour atteindre le lieu sacré. De nombreux groupes de touristes ou pèlerins s’y pressent : il nous faudra près de 2 h de patience et surtout beaucoup de vigilance et d’interventions de nos trois serre-files très professionnels pour tenir notre place, tant de guides resquilleurs usent de stratagèmes pour insérer plus en avant leurs clients dans la file…Au moins trois pèlerins de notre groupe en profitent pour écrire des graffitis sur le mur (eh oui ! des preuves photos existent…), d’autres lisent leurs mails ou jouent sur leur tablette.

Un office grec orthodoxe nous interdit de pénétrer dans le chœur, et les popes gardiens de l’édifice religieux, sont vigilants et refoulent toute tentative d’intrusion. Nous admirons donc de loin la magnifique iconostase en bois sculpté.

Notre tour est enfin venu de descendre pour vénérer un par un le lieu de la Nativité du Christ, en s’inclinant sur l’étoile d’argent à 14 branches. Peu d’entre nous seront capables de décrire en sortant l’environnement autour de cette étoile. Mais nous garderons tous en notre cœur, ces quelques secondes d’émerveillement après deux heures d’attente !...

Sylvia et Constantin nous pressent de sortir pour gagner le restaurant tout proche situé sur la place bien nommée de la Mangeoire. Déjeuner oriental servi dans un endroit frais et qui donnera des idées de danse du ventre à Sylvia au rythme des serveurs ; quelques pèlerines se joindront à elle, toutes prises par l’ambiance orientale…

Nous embarquons cette fois pour BEIT-SAHOUR, pour visiter le champ et la grotte des bergers venus adorer Jésus ainsi que le nouveau sanctuaire en forme de dodécagone (12 côtés) qui comprend 5 absides en plan incliné, rappelant ainsi la structure d’une tente, avec des peintures murales de toute beauté magnifiant la Nativité de Jésus suivant le récit de St Luc. A l’ombre des arbres, sur un promontoire dominant Jérusalem notre prochaine destination, Sylvia nous instruit à nouveau sur la problématique géopolitique, non sans que quelques avis divergents fusent de certaines pèlerines contrariées par leur vécu non loin d’ici…

En fin d’après-midi, nous arrivons à l’ultime étape de notre voyage, JERUSALEM, où nous passerons les 3 derniers jours. Nous débarquons de notre car avec nos valises (heureusement à roulettes) pour gagner notre lieu d’hébergement, un havre de paix fleuri à 2 pas de la Vieille Ville, chez les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie. Nous y dormirons les 3 dernières nuits (tout du moins 2 en entier…) : repos et calme assurés !!

Les bagages déposés, le groupe réuni et soigneusement encadré par les serre-files, se dirige ad pedibus vers la Porte de Jaffa gardée militairement. Traversant ensuite le quartier musulman, en empruntant un dédale de ruelles, nous humons les fortes senteurs si particulières au souk oriental s’évaporant des étals aux couleurs vives. Nous croisons avec étonnement une population hétéroclite : des juifs orthodoxes avec leurs chapeaux et leur vêture caractéristiques se faufilant entre les musulmanes voilées, comme si chacun revendiquait en cette ville de Jérusalem et au vu de tous, leur fière appartenance religieuse au travers du port de symboles vestimentaires ostentatoires…Mais ces réflexions sont interrompues en débouchant soudain sur une placette flanquée d’un édifice sombre sans grande architecture : le SAINT-SEPULCRE tant attendu. On y est, sans vraiment être impressionné par le lieu, vu de l’extérieur.

En passant le porche d’entrée, nous tombons face à la pierre de l’Onction, particulièrement adorée par les chrétiens orthodoxes qui s’y prosternent. La Basilique est très sombre, peu d’ouvertures et d’énormes et larges piliers. La complexité des lieux nous empêche de comprendre l’architecture de l’édifice, maintes fois détruit et recomposé au fil des siècles…. Au milieu de la foule de pèlerins innombrable et dense, nous avons quelque peine à nous suivre et surtout à nous regrouper, vu le manque de repères. Notre regard est interpellé par un haut mur de parpaings bruts en plein cœur de l’église : on nous expliquera qu’il fut érigé par les orthodoxes autour de l’ancien Chœur des Chanoines pour devenir le « catholicon » grec orthodoxe, fermé au public et où ils célèbrent à huis clos leurs offices religieux, méprisant en quelque sorte le « Statu Quo » arrêté en 1852 ( !) par les 3 religions catholique, arménienne et orthodoxe sur le partage accepté et accordé, du gardiennage et de l’exploitation spatiale du Saint Sépulcre.

C’est ainsi que dans le cadre de ce partage, les popes ont obtenu la garde du Tombeau du Christ, « enveloppé » de cet édicule orné et bardé sur ses côtés de poutrelles d’acier pour le protéger. Une longue file d’attente de pèlerins s’y presse. Notre tour n’est prévu malheureusement que le lendemain et nous devrons maîtriser notre impatience. Place pour l’instant à la découverte individuelle de cette Basilique de la Résurrection.

A l’issue, retour chez les Sœurs Franciscaines pour un repas léger (soupe claire…) et au cours duquel nous échangeons nos fortes impressions de cette première journée, et qui n’est pas finie !!! Il nous est proposé en nocturne de nous rendre au Mur des Lamentations. Tous volontaires ! Et nous revoilà partis pour la Vieille Ville ; on repasse la porte de Jaffa, puis devant deux postes de police, et enfin, juste avant d’entrer dans le quartier juif, nous devons nous soumettre à un contrôle check-point policier. Passage au portique et scanner de nos sacs : sécurité maximale oblige mais finalement aucun problème pour notre groupe.

Nous arrivons alors sur une grande place et découvrons le célèbre Mur des Lamentations, illuminé par de puissants projecteurs et devant lequel ainsi qu’aux alentours se presse une population juive majoritairement ultra-orthodoxe car reconnaissable à leur vêture. On s’en approche mais nous devons nous séparer par genre : en effet une partie du Mur (les 2/3) est réservée aux hommes et le 1/3 restant aux femmes. Avides de prendre quelques photos, nous sommes rapidement rappelés à l’ordre : c’est formellement interdit le jour du shabbat ! Et nous apprenons en la circonstance que le shabbat commence dès le vendredi à la tombée de la nuit. Quelques photos volées feront l’affaire de certains, dont une de Constantin sur le Mur avec sa Bible et son béret vert en guise de kippa… Et de nous interroger sur le balancement du corps de ces juifs en prière, considérés comme des ultraorthodoxes, sur leurs grands chapeaux à bord rond, certains en fourrure, sur leurs bas blancs, sur leurs longues papillotes, et pour les juives, sur leurs perruques, etc…Questions qui trouveront réponse dans nos recherches ultérieures à notre retour.

Cette place sous surveillance constante de policiers lourdement armés, nous rappelle que derrière ce Mur se trouve le quartier musulman avec ses hauts lieux sacrés de l’Islam et que nous visiterons le surlendemain. Il se fait tard et après un dernier regard sur ces fervents juifs en prière, nous retournons par le même itinéraire via le check point policier, puis par le souk, harassés mais heureux de cette intense journée au cœur de notre pèlerinage, pour profiter de la fraîcheur et de la quiétude nocturnes de notre hébergement idéalement situé.

Samedi 14 avril : JERUSALEM

Après un bon bol de café, nous rejoignons notre car pour poursuivre notre pèlerinage à l’extérieur de la Vieille Ville. Première destination : l’église Saint Pierre en Gallicante, édifiée sur le Mont Sion d’où l’on jouit d’un point de vue panoramique exceptionnel sur la muraille de Jérusalem et en face sur le Mont des Oliviers au versant duquel se trouve l’immense et imposant cimetière juif. A l’extérieur de l’église, une colonne surmontée d’un coq en métal nous rappelle le reniement par 3 fois de Jésus par son disciple Pierre et ce avant le chant du coq (d’où le nom de Gallicante).

Un drapeau français flotte en cet endroit pour indiquer que ce Lieu Saint est un territoire, acheté par les Assomptionnistes français en 1888. En pénétrant dans l’église par une magnifique porte de bronze, avec en relief Jésus désignant Pierre et annonçant à ses apôtres pendant la dernière Cène son triple reniement. L’intérieur est décoré de très belles fresques relatant en français l’arrestation et la passion du Christ.

Puis notre guide nous invite à descendre dans les grottes attenantes qui étaient à l’époque des prisons et où auraient pu être emprisonnés Pierre et Jean, enchaînés aux anneaux taillés dans la paroi rocheuse. Sur l’une des parois de la fosse la plus profonde, on devine la silhouette d’un homme à genoux, mains tendues en forme de croix.

Avant de quitter cette Eglise, une ultime curiosité à l’extérieur : un chemin descendant empierré et foulé par Jésus après la dernière Cène. Et justement nous nous rendons à pied vers l’église gothique du Cénacle. Vaste édifice qui abrite 3 lieux sacrés que nous visitons successivement : le monastère de la Dormition, là où la Vierge Marie est tombée dans un sommeil éternel, symbolisé ici par sa statue allongée recouverte de mosaïque au centre d’une crypte, puis le Cénacle, vaste salle voutée où Jésus partagea son dernier repas avec ses apôtres et qui fut, pendant une longue période, transformée en mosquée (!), et enfin plus bas le tombeau du roi David, vénéré par les juifs du monde entier. Notre messe du jour se fera non loin, dans une chapelle d’un couvent franciscain, avec sur l’autel une magnifique reproduction en bronze massif de la Cène.

Nous descendons en car le Mont Sion pour rejoindre en face le Mont des Oliviers et prendre notre repas du midi au sommet, très précisément à l’hôtel des 7 arches, administré par la Waqf musulmane de Jérusalem (l’équivalent de la Custodie). Avec son architecture contemporaine et sans style apparent, il est en rupture avec notre quête spirituelle des lieux saints, mais finalement cette pause déjeuner aura été très appréciée. D’autant qu’en sortant nous pouvons admirer sur un promontoire un panorama exceptionnel et époustouflant sur la Vieille Ville et écouter en même temps les précieuses informations de Sylvia. Une photo souvenir qui nous sera remise à l’aéroport, immortalise ce moment, sans que les amateurs de zoom ou de mode panoramique ne renoncent avec leur smartphone, à leurs souvenirs personnels.

Nous visitons ensuite l’église du Pater Noster, là où Jésus enseigna le Notre Père, situé encore en territoire français et où des bénévoles de notre pays tiennent la boutique. Nous faisons le tour du cloître., où la prière de Notre père est déclinée sur les parois en 171 langues et dialectes du monde entier (dont le corse et le breton…). Puis en face nous visitons la chapelle-mosquée de l’Ascension. Cet édifice est un lieu saint partagé dans le cadre du Statu Quo et est le seul placé sous la juridiction du Waqf. L’étal du vendeur de souvenirs tenu par un arabe est si prêt du monument qu’il est difficile de photographier la chapelle sans qu’il apparaisse…

Notre bus nous dépose au pied de l’immense et plus ancien cimetière juif du monde ; nous le longeons en descendant une ruelle à forte pente. Un arrêt à l’intérieur et au milieu de ces innombrables tombes aux dalles austères, toutes « ornées » de petites pierres, survivance d’une ancienne coutume juive, pour écouter à nouveau notre guide répondant avec précision et gentillesse à toutes nos questions qui ne manquent pas…En reprenant notre descente abrupte et aidés d’une main courante judicieusement fixée le long du mur, nous sommes doublés par un groupe de pèlerins éthiopiens chantant leur joie, avec en tête le prêtre copte magnifiquement vêtu de ses parures colorées de prélat, nous communiquant par osmose leur allégresse !  Alléluia !!!!....

Nous débouchons en bas du cimetière, sur le jardin de Gethsémani surplombant la vallée du Cédron, planté de huit majestueux oliviers très torsadés et aux troncs imposants, datant de l’époque du Christ... ; le jardin est attenant à la Basilique des Nations, construite dans les années 1920 et financée par la communauté internationale, d’où le blason français que nous apercevons dans une niche du plafond voûté. Devant l’autel, une large pierre plate, vénérée par les pèlerins, provenant du Rocher de l’Agonie et où Jésus pria avant son arrestation. Sur le fronton extérieur, une magnifique fresque colorée de Jésus vêtu de rouge, agenouillé sur le fameux Rocher.

Retour à notre hébergement chez les Sœurs de Marie pour un dîner, avec une soupe améliorée cette fois (merci Directeur !). Et aussitôt après, sans désemparer, nouvelle sortie du groupe pour le Mur des Lamentations. Cette fois nous pouvons à loisir user de nos appareils photo. Seule condition imposée : se couvrir la tête : une kippa pour les hommes (fournie à l’entrée) et un foulard pour les dames (non fourni…), chacun et chacune rejoignant leur côté attribué. Nous prenons le temps d’observer le comportement balancé des hommes juifs en prière, lisant ou non leur livre sacré. Ils prient en particulier pour la reconstruction (la 3ème) du Temple du Roi Salomon. Laquelle est indispensable à la venue si attendue du Messie, mais que les chrétiens considèreraient alors comme l’antéchrist…

Les hommes ont le privilège, non seulement d’avoir les 2/3 de la façade du Mur, mais aussi de disposer d’une longue et grande galerie voûtée en pierre, avec de très beaux meubles de bois servant de bibliothèque aux livres sacrés. On peut également visionner au travers d’épaisses dalles vitrées, les fondations mises à jour par les archéologues, du 1ertemple détruit par les Babyloniens en 586 av JC.

Sur le chemin du retour, tard dans la nuit, quelques dames de notre groupe s’arrêteront au souk pour acheter des fruits locaux et les déguster tranquillement…

Dimanche 15 avril : JERUSALEM

De bon matin (comme d’hab’), rassemblement au pied de l’escalier pour un départ groupé avec pour consigne stricte de ne porter aucun signe religieux et pour les dames, une tenue vestimentaire adaptée, car ce jour-là nous devons nous rendre sur l’Esplanade des mosquées en quartier musulman, avec passage d’un check point israélien. Nous sommes avertis !

Le contrôle avec fouille terminé, nous empruntons une passerelle en bois, construite spécialement pour les non musulmans se rendant sur l’Esplanade. Elle enjambe la place du Mur des Lamentions, puis ce même Mur, pour déboucher aussitôt sur l’Esplanade, face au Dôme du Rocher internationalement connu avec son imposante coupole dorée, et juste à côté la mosquée El-Aqsa. 

Le contraste est flagrant : le côté juif que nous venons de quitter grouille déjà de prieurs devant le Mur et côté musulman une certaine quiétude règne sur ce large espace très aéré, avec un grand jardin agrémenté de fontaines. Peu de personnes à cette heure, mais des patrouilles armées mixtes (israéliens et palestiniens). A noter que la police palestinienne a été et continue d’être formée par des gendarmes et des policiers français dans le cadre d’un accord européen avec l’Autorité Palestinienne. Constantin, habitué des lieux, nous fait remarquer une musulmane assise discrètement à l’écart sur une chaise. Elle fait partie de cette police dite « religieuse », chargée d’alerter tout manquement aux prescriptions de l’Islam. Ainsi nous veillerons à garder une certaine distance avec nos pèlerines pour éviter toute interpellation fâcheuse…

Le Dôme du Rocher, construit au VIIème siècle, est le 3èmelieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine, et la mosquée El-Aqsa date du VIIIème siècle. Ces deux édifices ne peuvent pas être visités par des non musulmans, et nous le déplorons. Nous sommes donc réduits à faire une bonne balade sur l’Esplanade, à admirer l’architecture et les pierres anciennes et à photographier tous azimuts…et d’ailleurs une photo de groupe sur ce site sera réalisée par notre photographe officiel de l’AACLE, le fidèle et dévoué Bernard.

Nous sortons de l’Esplanade par une porte gardée militairement et nous rejoignons un lieu resté français dans le quartier musulman : la Basilique Sainte Anne. Dans cet endroit apaisant, au beau jardin fleuri, se trouvent les vestiges de petits bains romains et d’un profond réservoir d’eau du temps d’Hérode. C’est là que Jésus a guéri le paralytique. Nous pénétrons ensuite à l’intérieur de cette basilique magnifiquement construite par les Croisés en 1130 et miraculeusement conservée par les Byzantins qui n’ont pas voulu la détruire en raison de son acoustique exceptionnelle. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de la tester en chantant, sous la conduite de Mgr Ellul, un puissant Ave Maria. Ceci avec la bienveillance du Père Blanc de service (qui se révèlera être un britannique !), communauté religieuse française gardienne des lieux saints où est née Marie à proximité.

Nous reprenons notre périple pédestre à travers les ruelles. Nous nous arrêtons dans un petit restaurant pour déjeuner et où Constantin remettra un pin’s de notre association à un convive français attablé et inconnu (surement un admirateur de la Légion…). Notre guide nous conduit ensuite à l’ancien Hospice autrichien, situé sur la Via Dolorosa, transformé en 1948 en hôpital jordanien et restitué à leurs propriétaires en 1985. Nous grimpons allègrement plusieurs étages pour déboucher sur un vaste toit-terrasse d’où l’on jouit d’un sublime panorama rapproché sur la Vieille Ville et où flotte un pavillon aux couleurs papales. Quelques-uns profiteront pendant ce temps digestif, des douceurs de la cafeteria autrichienne…

Vient alors un des temps les plus forts de notre pèlerinage : le Chemin de Croix sur la Via Dolorosa. Au couvent de la Flagellation, nous nous organisons : le groupe perçoit une grande croix de bois et un trinôme se relayant à chaque station, est chargé de la porter en suivant notre guide spirituel. Mgr Ellul nous lira à chaque arrêt, jusqu’à la 9èmestation, les saintes Ecritures. A la dernière, là où Jésus tomba pour la 3èmefois, nous entrons dans une petite cour où est érigé au centre, un petit bâtiment rond surmonté d’une petite coupole cimentée, sans grand intérêt de prime abord. En fait nous apprenons que nous sommes sur le toit et à la verticale du Saint Sépulcre !!! Ce site est d’ailleurs occupé par des moines éthiopiens que nous pouvons apercevoir dans leur abri mural rustique, faisant fonction de logement.

Après une courte descente que nous comprenons mieux au su des explications venant d’être fournies, nous arrivons pour la seconde fois de notre pèlerinage sur la place du Saint Sépulcre. Nous savons que nous allons découvrir les plus hauts Lieux Saints de la Chrétienté : ceux de la Crucifixion et du Tombeau de Jésus.

Nous passons devant la Pierre de l’Onction sur laquelle le corps de Jésus fut oint d’huile avant d’être mis au tombeau. De nombreux pèlerins embrassent cette pierre et trempent des morceaux de tissu dans l’huile suspendue. On est prié de rejoindre rapidement la file d’attente pour nous recueillir au Tombeau gardé virilement par des popes orthodoxes, gardiens des lieux. L’attente, sans être trop longue, déclenchera un excès incompréhensible de paroles et de gestes menaçants envers nos doyens en position de défensive, provenant d’un groupe slave quelque peu resquilleur…Constantin appelé à la rescousse remettra de l’ordre !...

Vient enfin le moment tant attendu : juste le temps de se baisser pour passer la petite porte au top du pope extérieur, puis de s’incliner devant le Saint Sépulcre dans la pièce minuscule, qu’il faut déjà obtempérer à l’injonction du top départ du pope intérieur ; direction la sortie… Comme pour la basilique de la Nativité, nous ressentons individuellement une certaine frustration de ne pas pouvoir savourer plus longtemps cet instant magique, mais en même temps nous avons le bonheur d’être là ! 

Notre guide spirituel nous indique l’escalier pentu à prendre pour se recueillir cette fois à l’endroit de la Crucifixion : le Golgotha. Nouvelle longue attente, mais là aussi avec le bonheur intérieur de s’agenouiller sous un autel où se trouve l’endroit de la fixation de la Croix.

Le groupe se disperse alors dans la Basilique du Saint Sépulcre au gré de l’intérêt de chacun. Certains suivront la longue procession des Frères Franciscains à l’intérieur du Lieu Sacré avec des haltes de prières chantées dans une succession de salles. Puis une fois rassemblés, nous traversons un dédale de couloirs et de salles, puis d’escaliers, pour atteindre la chapelle en pierre très dépouillée des Croisés où sera célébrée notre messe du jour, en compagnie d’un second groupe venu de Bordeaux.

De retour à notre hébergement et après le dîner de plus en plus frugal, nous nous retrouvons tous au salon pour entendre notre conférencier du soir traiter du judaïsme et des relations interreligieuses en Israël, le rabbin Grunwald. Chacun retiendra ce qu’il aura bien voulu entendre, faisant la part des nombreuses informations et constatations personnelles, ingurgitées depuis 8 jours in situ….

Quelques pèlerins moins fatigués que les autres, feront une 3èmesortie nocturne au Mur des Lamentations…

Lundi 16 avril :     ABU GOSH - JERUSALEM

Dernière journée de notre pèlerinage mais non la moins dense !

Au programme : la visite de l’abbaye bénédictine Sainte Marie de la Résurrection à ABU GOSH, située à une vingtaine de km de Jérusalem. Sur l’autoroute nous y menant, on passe au large de la ville de MESSAVERET jumelée avec Plan de Cuques …Nous avons rendez vous avec les moines bénédictins au sein du monastère situé en plein cœur de la ville palestinienne (le haut-parleur de la mosquée proche surplombe même le mur d’enceinte…). Là encore nous apprenons que c’est une terre française, formidable havre de paix propice à la prière et à la méditation pour ceux qui viennent à y séjourner. Nous visitons les différentes parties de cet édifice religieux, d’art roman et aux fresques d’origine datant du XIIème siècle, malheureusement en partie abimées pendant l’occupation musulmane. 

Nous nous recueillons pour la dernière fois de notre pèlerinage en Terre Sainte et assistons, rejoints par un groupe belge, à l’office du jour concélébré par Mgr Ellul et le Père Sébastien. A la sortie de cette église si sobre par sa décoration mais riche en symboles vu sa situation en Territoire Palestinien, nous rejoignons une tonnelle du jardin pour écouter avec attention mais aussi beaucoup d’intérêt le Frère breton Olivier : ce religieux, d’une grande jovialité, au verbe cru et franc, va nous raconter mille et une anecdotes locales qui vont nous passionner une bonne heure. Il a même reçu le maire et la délégation du jumelage de Plan de Cuques en ces lieux même.

 

D’une grande sagesse, mais aussi d’un grand réalisme, il va nous vanter sa recette de Limoncello, au cas où nous désirerions nous en procurer dans la boutique de l’abbaye…Et le Père Olivier a même droit aux honneurs du Petit Futé…Bravo !

En quittant ce monastère plein de charme, nous apercevons en bas de la ville, une mosquée grandiose, la plus importante du Proche Orient après celle de Jérusalem et construite par la Tchétchénie, nombre de palestiniens habitant Abu Gosh étant originaires de ce pays. 

Retour en bus jusqu’à Jérusalem en passant non loin de la Knesset (mais visite non prévue !). Nous nous dirigeons alors vers la Custodie de Terre Sainte où nous sommes reçus par Madame Beaulieu et un Franciscain. Passionnante conférence sur l’histoire des Franciscains et sur les Lieux Saints, notamment sur le Saint Sépulcre lorsqu’elle relate ses propres impressions quand elle est arrivée et qui sont quasiment partagées par tout le groupe, nous rassurant finalement un peu sur notre perçu !

Puis c’est la cérémonie officielle de remise de la médaille et du diplôme pour les pèlerins qui l’avaient souhaité, avec de nombreuses photos de l’évènement. 

Sylvia, pour la dernière fois, nous emmène ad pedibus à travers le quartier très propre arménien pour rejoindre un restaurant typique il va de soi !. Puis une fois régalés, nous poursuivons à travers le quartier juif pour repasser un check point et nous retrouver à une autre entrée donnant aussi sur le Mur des Lamentations.

Nous y retrouvons par hasard des pèlerins du groupe de Bordeaux dont certains amis de longue date du couple plan de cuquois. Merci à la Providence de ces rencontres par trois fois sur cette Terre Sainte.

Le Caporal Roland LANDRE et le Lieutenant-Colonel Constantin LIANOS, derrière eux une trace de passage de la 10ème Légion romaine à l'époque du Christ.

Dernières photos, et pour les militaires avec leur coiffure d’Arme.

Temps libre pour chacun avant un dernier repas bien arrosé, avec pour digestif le fameux Limoncello du Moine Olivier. Il nous reste quelques toutes petites heures pour faire les bagages…

Mardi 17 avril :     TEL AVIV – MARIGNANE

Petit déjeuner nocturne à partir de 2h. Aucun de nous n’a vraiment dormi, et la descente en salle de restauration se fait un peu à l’aveuglette. Mais la salle s’anime car notre départ est fixé à 3 heures ! On se compte : on est bien 31 ! …Pari de notre départ tenu ! 

Un dernier au revoir aux Sœurs et route vers l’aéroport de Tel Aviv, distant d’une quarantaine de km de Jérusalem que nous quittons déjà avec nostalgie, tant il y aurait encore beaucoup à voir et à comprendre. Constantin, prudent et il a raison, a prévu large, anticipant sur un check point autoroutier à passer qui pourrait être pointilleux où sur des problèmes au passage de la police des frontières à l’aéroport Ben Gourion. Ce qui sera finalement le cas puisque notre Père Sébastien va bien passer une heure à se faire éclaircir sa situation par rapport à ses visas…

Le vol El Al partira à l’heure prévue, soit à 5h locales. Dans la carlingue du Boeing, notre groupe dispersé dans les rangées ne tarde pas à se mettre « en mode avion », un petit déjeuner copieusement servi le réveillera avant un atterrissage réussi à 8h30 sur la piste de Marignane.

Récupération des bagages, dernières embrassades avec la promesse de se retrouver aux prochaines, manifestations de l’AACLE, charge à Alain d’établir le compte rendu du pèlerinage et à Bernard d’adresser ses photos pour que chacun puisse se remémorer et adapter ses souvenirs dans la chronologie d’un voyage en Terre Sainte particulièrement réussi.

Un grand MERCI au Directeur du Pèlerinage pour son dévouement et sa gentillesse, ainsi que pour l’organisation impeccable et sans faille de ce merveilleux voyage qui nous a tous comblés !

A.C

 

 


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