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Hommage à Henri Anglès

Hommage au lieutenant Henri Anglès

Le Makoui 

Henri ANGLÈS dit « Le Makoui » est né le 1er Juillet 1918 à Avignon. 

Henri est un provençal de combat, sobre de parole et très discret, mais animé d’une flamme intérieure qui l’a toujours tendu vers un idéal et l’a poussé à l’accomplissement de son devoir  au péril de sa vie !

Après avoir débuté dans l’Infanterie Alpine, en Septembre 1939, il a terminé son stage d’Elève Officier à St Maixent en participant à la défense légendaire de l’Ecole de Cavalerie de Saumur au Pont de Gennes.

 

Démobilisé en Février 1941 après les combats malheureux qui ont accablé nôtre Pays, mais avec une ardeur patriotique il a participé aux batailles libératrices en s’engageant pour la durée de la guerre le 25 Janvier 1945.

Affecté au Train des Equipages, il s’est distingué au passage glorieux du Rhin et sa première citation fut élogieuse.

Je cite « Aspirant calme et courageux, n’a pas hésité en plein jour, à deux reprises les 30 et 31 Mars 1945 à Spire, à faire des reconnaissances extrêmement dangereuses le long du Rhin au contact de l’ennemi afin de permettre à ses camions chargés d’éléments de bateaux d’assurer leur mission dans les meilleures conditions. A permis par son action la réussite de la « construction d’un pont de grande importance ».

Promu Sous-lieutenant et muté à la première Armée, puis à la 171ème Compagnie de transport de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale, il fait Campagne en Indochine dont les combats si meurtriers, mais hélas sans espoir restent gravés dans tous les cœurs en amers souvenirs.

 

 

Les hauts faits et le sang versé sur ces terres lointaines par nos troupes demeurent glorieux parmi les actions d’éclat dont nos armées ont écrit l’histoire au cours des siècles sous tous les cieux du monde. Là encore il s’est distingué par sa bravoure et ses qualités de chef récompensées par trois citations.

Citation à l’ordre du Régiment du 30 Décembre 1945 :

Officier ardent et courageux. A participé le 5 Novembre 1945 à Govap à une opération destinée à récupérer un train dans une région fortement tenue par les rebelles. Chargé de la mise en place du dispositif de sûreté, a donné un bel exemple de sang froid et de courage dans l’exécution de sa mission. A par la suite largement contribué par son action personnelle à la réussite d’une opération de nettoyage sous un feu violent au cours de laquelle de pertes sévères furent infligées aux dissidents.

Citation à l’Ordre de la Brigade du 31 Décembre 1945

Chef d’une rame de convoi chargé de transport le groupement Pivier de Saigon à Ban Mi Thuot, a obtenu de ses hommes et de son matériel un effort remarquable qui a assuré le succès de l’opération. Au cours des combats du 30 Novembre au 5 Décembre a fait preuve des plus belles qualités de courage, d’allant et sang froid abattant de sa main trois adversaires.

Citation à l’Ordre de la Division du 14 Avril 1946

Jeune Officier du Train a spontanément offert son matériel et son personnel pour transporter le détachement  Montagnard lors de l’exécution d’un coup de main sur les Monts de l’E.A.D.A.C. - A fait preuve au cours de l’opération de  décision et d’une téméraire bravoure. Se trouvant brusquement à un détour de route en face d’un avant poste, a foncé avec son véhicule, semant la panique parmi les rebelles en tuant deux permettant ainsi de surprendre le gros des forces adverses et assurant la réussite de l’opération.

Que puis-je ajouter à ces citations d’une telle éloquence ?

Oui, j’ajouterai qu’il a été blessé par des éclats de grenade à Muang-Phine au Laos, et qu’il a ainsi mêlé son sang généreux à celui de tous les héros, que  nous honorons et vénérons. C’est pour nous, combattants de la 4ème génération de feu un devoir de mémoire.  

Le Makoui a servi pendant 15 ans la patrie, Deux ans et demi de campagne (France – Allemagne – Cochinchine, 4 citations, une blessure, sont des titres de guerre qui méritent largement le grade supérieur de celui qu’il porte à sa poitrine depuis le 28 Juin 1963 à 19 H 00, un geste de promotion aurait du être fait à son égard. 51 ans se sont passés !!!!!!!!

C’est ainsi que la patrie récompense ses enfants qui se sont battus pour elle et pour notre liberté !

Démobilisé le 3 Novembre 1946, il n’a pas voulu abandonner ces territoires sur lesquels notre drapeau a si longtemps flotté et il a tenu à y maintenir le rayonnement de notre civilisation, en y créant un bureau d’Importation-Exportation à la tête duquel il a déployé les mêmes qualités d’intelligence et d’ardeur au travail.

Il a été président de l’Association des Anciens du Train en Extrême Orient. Henri Anglès dit Makoui a œuvré toute sa vie à faire du bien autour de lui. Il est Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 1963

et titulaire de :

·      Croix de guerre 1939-1945 avec une citation

·      Croix de guerre de Théâtres des Opération Extérieurs avec trois citations

·      Croix du Combattant

·      Croix du Combattant Volontaire 1939 - 1945

·      Médaille de blessé

·      Médaille commémorative 1939 - 1945

·      Médaille commémorative de la Campagne d’Indochine

Toute sa vie, il aura donné le parfait exemple de ce que représente le monde combattant au sein de la Nation.

Il est membre à vie de notre amicale.

Merci Monsieur Légionnaire !

Lieutenant-colonel Constantin LIANOS

Président de l’Amicale des Anciens Combattants de la Légion étrangère de Marseille -Provence.

Marseille le 29 Mars 2014

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Hommage de Renaud MUSELIER au lieutenant Henri Anglès

 

Bonjour à tous et merci de m’accueillir parmi vous aujourd’hui.

 

Merci au Lieutenant-colonel Constantin LIANOS et aux anciens soldats de la Légion Etrangère d’avoir organisé cette cérémonie d’hommage au lieutenant Henri Anglès, héros de la guerre d’Indochine et de la Campagne de France, merci à vous tous, chers amis, de vous associer à cet hommage mérité, la modestie naturelle et le refus des honneurs du récipiendaire dussent-ils en souffrir.

 

Oui, je suis venu vous dire très simplement que des hommes tels que vous, Henri Anglès, sont l’honneur et l’orgueil de la France.

 

 

Je ne reviendrai pas sur vos brillants états de service, le colonel Lianos vient de le faire avec brio. Vous faites partie de ceux qui ont contribué par leur sacrifice au redressement et à la grandeur de la France.

 

Avec le général Philippe Leclerc, maréchal de France, dont vous étiez le bras droit, vous avez risqué votre vie à maintes reprises de Friedenstat à Saïgon en passant par Hué et Banméthuot pour maintenir la liberté et la dignité de notre nation.

 

Vous avez été grièvement blessé au combat mais vous n’avez jamais renoncé à votre idéal de soldat : celui de servir la France, quoi qu’il en coûte.

 

Henri Anglès, vous êtes un exemple vivant de ce qu’est un « grand ancien » et vos missions prestigieuses fascinent nos imaginations blasées. Grâce à vous, nos enfants apprendront que rien n’est impossible à qui est animé par la volonté et la foi. Grâce à vous, nos enfants apprendront la grandeur de la France éternelle.

 

Certes, le monde a bien changé, chers amis, mais les Français ont plus que jamais besoin d’avoir l’orgueil de la France. Si la France n’a pas le sentiment de sa dignité, si on ne lui propose pas des buts élevés à travers un destin qui la transcende, elle se traîne dans la médiocrité, l’individualisme et le matérialisme.

 

« Il n’y a pas de bonheur sans liberté ni de liberté sans vaillance », disait à juste titre l’historien grec Thucidide. 

Vous avez vu tomber autour de vous de nombreux compagnons d’armes. Vous avez songé que ces humbles morts, ces morts glorieux, incarnaient tous l’amour de la France au moment de leur sacrifice, comme cet attachement viscéral à leur mère patrie les avait animés à toutes les heures de leur combat. Au fil des accrochages, vous êtes devenu la bête noire du général Giap, un tortionnaire récemment décédé et qui avait mis votre tête à prix. Il vous avait surnommé « Makoui », c'est-à-dire « le diable ».

 

Oui, Henri Anglès, vous avez été un chef de convoi diabolique et charismatique, toujours debout dans votre jeep et unanimement respecté. Il vous suffisait de lever le bras pour donner le signal du départ et votre unité s’engageait les yeux fermés dans les maquis les plus périlleux.

 

Cher Henri Anglès, c’est avec fierté que je vais vous décerner la médaille d’honneur de la ville de Marseille pour services rendus à la nation. Je vais le faire avec la joie d’un homme libre qui évoque l’héroïsme tranquille d’un homme libre, avec la reconnaissance admirative de l’ancien ministre qui sait le prix de l’engagement, du courage civique, de l’audace et de la résistance à l’oppression.

 

Je suis d’autant plus heureux de célébrer le guerrier irréductible que vous êtes, Henri Anglès, que nous vivons une époque émolliente où les bases de ce qu’on appelait la morale sont remises en cause et où il est toujours question de droits et jamais de devoirs. Malgré l’avachissement de la civilisation des loisirs et le règne de l’irresponsabilité, votre exemple nous incite à croire en la grandeur de l’aventure humaine.

 

Comme l’écrivait un autre héros de l’Indochine, Hélie Denoix de Saint-Marc, récemment décédé, « la vie est un combat et le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. Rien n’est sûr, rien n’est facile, tout se conquiert, tout se mérite : si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. Envers et contre tous, il faut croire en son pays et en son avenir. De toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage et surtout le courage dont on ne parle jamais : celui de rester fidèle à ses rêves de jeunesse ».

 

Sans doute, Henri Anglès, rêviez-vous, enfant, devant le tableau de médaillés militaires de vos ancêtres, de devenir à votre tour un « chevalier sans peur et sans reproche », à l’image du seigneur de Bayard dont la bravoure impressionna jusqu’au roi François 1er. Sans doute, commandant « Makoui », vous êtes-vous inspiré de la tradition des grands militaires Français qui se sont illustrés au service de notre patrie.

 

Henri Anglès, vous entrez vivant dans la légende de la France écrite avec leur sang par nos grands anciens de 14-18 et vous nous léguez un trésor inestimable : les secrets du comportement, du style et de la tenue qui doivent être ceux d’un homme libre. C’est un grand honneur pour moi de saluer cet après-midi, grâce à l’hospitalité de la Légion Etrangère, le grand soldat français, mais aussi l’accomplissement personnel d’un aristocrate de la guerre.

 

Au nom du maire de Marseille, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous décerne, cher Henri Anglès, la médaille d’honneur de la ville la plus rebelle de France : Marseille.

 

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