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Guy PERRIER n'est plus

(photo © collection familiale et www.monsieur-legionnaire.org ) cliquez sur la photo pour l'agrandir.

C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès du Commandant Guy PERRIER très tôt ce matin par le Général Michel GUIGNON.

Guy était né 9 Février 1925 et il s'est engagé en 1949.

Guy était Grand croix de la Légion d'Honneur et totalisait 17 titres de guerre (13 citations dont 6 au niveau Armées). Médaille de la Résistance, Croix de guerre 1939-1945, Croix des TOE, Croix de la Valeur Militaire, Croix du Combattant et plusieurs autres décorations.

Il avait adhéré à l'ALP en 1981 et n'a jamais manqué une cérémonie depuis. Ce qui m'a frappé chez cet homme hors du commun c'était son humilité et sa discrétion. Guy se confiait peu. C'est le Général Michel GUIGNON (son ami) qui fera l'éloge funèbre à la mémoire de ce Grand Soldat.

 

©Photo Constantin LIANOS (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

Les obsèques ont eu lieu le 12 Avril 2017 à 9 H 30 en la cathédrale des Invalides à Paris.

Les honneurs militaires lui ont été rendus par une section de Légionnaires-parachutistes du 2ème régiment étranger de parachutistes, en présence de sa famille et de ses nombreux amis.

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Éloge funèbre:

 

Mon commandant, mon grand Ancien, mon cher Guy, mon vieux frère.

 

Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour un dernier hommage fraternel ,rassemblés autour de ta famille, Danièle, Franck, Thierry, Valérie, Caroline, leurs conjoints et leurs enfants rassemblés autour de tes proches, de tous ceux qui t’ont côtoyé dans la Résistance, tous ceux qui ont servi avec toi à la Légion ou chez les paras, tous tes compagnons de travail du monde de l’industrie ou du monde de l’édition.

 

Les évoquer ici, c’est évoquer ta vie, une vie pleine d’aventures et de rebondissements, une vie dont on pourrait faire un roman.

 

Un roman dont le premier chapitre s’écrit en 1940, aux heures noires lorsque la France, anéantie, subit la plus effroyable défaite de son histoire ; Quelques isolés commencent alors à organiser ce qu’on pourrait appeler les premiers balbutiements de la Résistance. Guy Perrier est l’un d’eux, il a tout juste quinze ans. Au lycée de La Rochelle, il distribue des tracts contre l’occupant et participe à quelques actions mineures de sabotage. Cela ne lui suffit pas. En 1941 il veut rejoindre les Français libres à Londres ; il cherche un bateau, n’en trouve pas ; Qu’a cela ne tienne, avec l’insouciance de ses seize ans il décide de partir pour l’Angleterre à bicyclette en passant par l’Espagne. Mais, en franchissant la ligne de démarcation, il est arrêté par les allemands et emprisonné à Bordeaux. Ses parents, présentant l’aventure comme une fugue de mineur, parviennent à le faire libérer et le remettent au travail.

 

Bachelier à dix huit ans, Guy est admis en Math sup au lycée Louis Le Grand. Il y poursuit ses activités de résistant et anime le groupe « Défense de la France » qui réunit quelques étudiants parisiens.

 

En 1944 il retourne à la Rochelle et, cette fois, entre carrément dans les Forces Françaises combattantes. Il y gagnera la médaille de la Résistance.

 

La guerre finie, Guy Perrier reprend ses études et entre à Saint Cyr avec la promotion « Nouveau Bahut », première promotion de l’après guerre, qui marque la renaissance de notre Ecole.

 

Il en sort en 1948, choisit la Légion, rejoint Sidi Bel Abbès puis, affecté au 5ème Etranger, part pour l’Indochine :Il fait ses premières armes sur la RC4 , cette route de la mort où la Légion a laissé tant des siens. Il s’y révèle d’emblée comme un chef de section de combat de premier plan, gagne trois citations et est blessé en 1950.

 

En 1951, le Lieutenant Perrier rejoint, sur sa demande, le 2 ième BEP récemment créé. Il sert à la deuxième compagnie, sous les ordres du capitaine Cabiro, autre grande figure de notre saga. Il y gagne trois nouvelles citations.

 

Lorsque se termine son premier séjour en Indochine, le Lieutenant Perrier porte sur sa poitrine la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et six citations sur sa Croix de guerre. Il a 27 ans. 

 

Il est alors désigné pour être instructeur à Saint Cyr où, en 1954, il est promu capitaine à titre exceptionnel, le premier de sa promotion.

 

Mais, à cette époque, la guerre d’Indochine atteint son intensité la plus dramatique. Le capitaine Perrier demande à rejoindre au combat ses camarades légionnaires. N’y arrivant pas par la voie normale, il écrit directement au ministre de la Guerre, le Général Koenig.Par retour du courrier, il reçoit ,en même temps, 15 jours d’arrêts pour s’être affranchi

de la voie hiérarchique et son affectation au 2ème BEP. Hélas, lorsqu’il arrive au Tonkin , Dien Bien Phu vient de tomber, les deux BEP ont été anéantis, morts ensemble dans un dernier assaut.

 

Mais une nouvelle aventure, dramatique elle aussi, l’attend en Algérie. Le 2 ième BEP reconstitué s’installe à Philippeville et devient 2ème REP. Le capitaine Perrier y commande pendant deux ans la première compagnie et gagne deux nouvelles citations.

 

Diplômé d’état major, il dirige ensuite le bureau « Opérations » d’un groupement opérationnel au corps d’Armée de Constantine, il est encore cité à deux reprises.

 

En 1959 est créé le groupement de Commandos parachutistes de Réserve Générale. Le capitaine Perrier en devient l’adjoint « Opérations » , y passe chef de bataillon à 35 ans , une fois encore le premier de sa promotion de Saint Cyr, et est cité à trois reprises à l’ordre de l’Armée. 

 

En avril 1961 le GCP est , avec le 1 ier REP le fer de lance du putsch d’Alger, ce cri de révolte de soldats floués par des promesses non tenues.

 

Dans cette aventure le commandant Perrier occupe encore un poste original : Il est chef de cabinet du général Challe. Il n’est en fonction que pendant trois jours, du 22 au 25 avril, ce qui lui vaut quand même d’être incarcéré à Fresnes. Traduit en justice il est acquitté mais doit néanmoins quitter l’Armée, jeté à la rue après quinze ans de combats incessants au service de la Patrie.

 

Heures sombres. Heures sombres qu’égaye quand même la naissance des deux fils, Franck et Thierry, que lui donne Pierrette sa première épouse. Heureusement, à cette époque où lâcheté, vilenie, reniements de toutes sortes sont monnaie courante, certains grands responsables de la société civile sont suffisamment solidaires et perspicaces pour voir tout le parti qu’on peut tirer de ces cadres hors pair dont l’armée ne veut plus.

 

A trente six ans Guy Perrier rejoint alors, avec le même dynamisme, le monde de l’entreprise. Il est d’abord à Saint- Gobain, puis à Kléber Colombes, et trouve la consécration chez Peugeot où, pendant quinze ans, de 1975 à 1990,il occupe des postes de premier plan .Il dirige deux centres de production à Mulhouse et Sochaux, où il lance notamment la fabrication des 205,405 et 605. Enfin il termine chez Matra, une deuxième carrière aussi brillante que la première. 

 

Homme de guerre, capitaine d’industrie, Guy Perrier était aussi un homme de grande culture. Ecrivain de talent aux multiples facettes, il s’était signalé par nombre d’articles à dominante économique. Il est devenu surtout un historien connu et reconnu de la Résistance, consacrant aux grandes figures de ce mouvement une série d’ouvrages qui font autorité.

 

Voilà , résumé à grands traits, l’exceptionnel parcours d’un homme d’exception.  

 

Sa fin de vie fut dure mais il supportait la maladie et la souffrance avec le courage dont il a toujours fait preuve en toutes circonstances, soigné par Danièle son épouse avec un dévouement admirable, entouré par les siens, avec, comme viatique réconfortant, les gazouillis de ses petits enfants, Gonzague et Bertille, dernière joie que lui avaient donnée ses deux filles Valérie et Caroline. A toute cette famille dont nous partageons la peine, je veux simplement apporter le réconfort de notre profonde, chaleureuse et très fidèle affection. 

 

Pour nous, ses frères d’Arme, Guy Perrier reste avant tout l’une des dernières grandes figures d’une époque où les hommes en béret vert et en béret rouge ont écrit les pages les plus rudes, les plus sanglantes mais aussi les plus glorieuses de leur histoire. Blessé au combat, treize fois cité, grand Croix de la Légion d’Honneur, le commandant Guy Perrier entre aujourd’hui au Panthéon de notre confrérie .Au fronton de ce mystérieux lieu de mémoire où nos héritiers viendront se recueillir et s’instruire, il est écrit simplement : « Les grands Soldats ne meurent jamais »

 

Aux Morts !

© Photo Constantin LIANOS (Cliquez sur la photo pour l'agrandir)

Après l'éloge funèbre faite par le Général Michel GUIGNON, nous avons chanté avec les membres de l'ALP et nos amis parachutistes bérets rouges "contre les Viets".

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Le président et les membres de l'AACLEM présentent leurs condoléances à Madame Danielle PERRIER son épouse ses enfants et petits enfants.

Lcl Constantin LIANOS

Président de l'AACLEM

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Lu dans la presse :

Guy Perrier est un officier parachutiste de la Légion étrangère.

Entré dans la Résistance à l’âge de quinze ans en décembre 1940 au sein du réseau Navarre des Forces françaises combattantes. Il fait également partie du réseau Libération-Nord et est admis à Saint-Cyr en 1945, il sert dans les unités parachutistes de la Légion étrangère en Indochine puis en Algérie (au 2e BEP et 2e REP).

Partisan de l'Algérie française, il se rallie avec son unité, le prestigieux groupement de commandos parachutistes, au mouvement insurrectionnel des généraux putchistes d'Alger en avril 1961. Après l'échec du putsch, il effectue 3 mois de détention préventive avant d'être acquitté.

Il quitte l'armée et entreprend alors une carrière civile, chez Peugeot en tant que directeur du centre de production de Mulhouse ou il presida notamment au lancement de production de la 205, puis chez Matra.

Guy Perrier publie plusieurs biographies et livres dédiés à des grandes figures et événements de la Résistance :

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Les éloges de l'Est Républicain 

Guy Perrier, la disparition d’un capitaine d’industrie

 

Directeur du centre de production d’Automobiles Peugeot à Sochaux de 1987 à 1990, Guy Perrier, capitaine d’industrie et historien, s’est éteint à l’âge de 92 ans.

 

Après avoir dirigé le site d’Automobiles Peugeot à Mulhouse de 1979 à 1987, Guy Perrier poursuit et achève sa carrière à l’âge de 75 ans à la direction de Sochaux.

Cet ancien officier parachutiste de la Légion étrangère et homme de caractère arrive dans le Pays de Montbéliard à la fin des années 1980. Sa mission est d’assurer la réussite du lancement de la 605. La nouvelle voiture haut de gamme fabriquée à Sochaux.

En 1989 démarre à Mulhouse une grève générale, qui gagne le groupe tout entier. Un conflit sur fond de revendications salariales alimenté par la publication dans le Canard Enchaîné de la feuille de paie de Jacques Calvet, alors président de PSA Peugeot Citroën.

Lors de cette page d’histoire mouvementée Guy Perrier veillera, avec l’assurance de l’homme entré dans la Résistance à l’âge de 15 ans, à ce que ce conflit, l’un des plus longs jamais vus chez le Lion, n’entraîne pas de drames comme en juin 1968 à Sochaux.

Guy Perrier quitte le monde de l’industrie pour se consacrer à l’une de ses grandes passions : l’Histoire contemporaine.

Dès 1997, il consacre un livre à Pierre Brossolette : « le visionnaire de la Résistance ». Puis, il publie en 1999 un ouvrage consacré au Colonel Passy et les services spéciaux de la France. Suivent plusieurs ouvrages dont un consacré au général Leclerc. En 2013, Guy Perrier publie une ultime étude intitulée « Françaises sous l’uniforme : 1852-1993 », consacrée à «douze résistantes, qui ont changé le cours de l’histoire ». Un ouvrage publié un an avant que Guy Perrier soit élevé, par décision du président de la République, Nicolas Sarkozy, à la dignité de Grand-croix dans l’ordre de la Légion d’honneur.

 

Jacques BALTHAZARD

source : http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2017/04/04/guy-perrier-la-disparition-d-un-capitaine-d-industrie

 

Remerciements :